Le 11 févr. 2024

Bonjour à tous,

nous vous proposons une réflexion sur la situation de l’occitanisme, au regard d’un contexte mouvant et pas toujours favorable.
A partir également d’autres discussions, menées dans un cadre ou un autre, le texte qui est ci-après et en copie préconise des éléments de promotion. En particulier sur deux volets, la création d’un « laboratoire d’idées » et l’accroissement des moyens de communication.

Nous serions heureux de connaître votre point de vue, et éventuellement avec les amendements nécessaires et en cas d’accord, de recueillir votre soutien.

Martine Boudet (Toulouse)[2]
Alem Surre-Garcia (Toulouse)[3]
Gérard Tautil (Var -Signes)[4]
auteurs occitanistes

2] L’emblématique des régions de France (Panthéon, 2023)

[3] La Convivéncia (Editions Troba Vox, 2023)

[4] ContratèmpsLetras sus l’Occitania e l’occitanisme (IEO Editions, 2022)

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                                                  Proposition de manifeste pan-occitaniste

                                                 Eléments de contexte

Le contexte électoral mondial, notamment européen, se traduit par un phénomène inquiétant: résultante de crises à répétition –financière, écologique, sanitaire, socio-économique, intercommunautaire, géopolitique…- de nombreux pays sont désormais gouvernés par des équipes d’extrême droite nationalistes, xénophobes et autoritaires. A en juger les sondages, la France n’est pas épargnée par cette lame de fond. Dans des pays musulmans, un islamisme politique fondamentaliste entrave les processus démocratiques. Résultante de cette involution, la multiplication dangereuse des conflits guerriers aux frontières de l’Europe.

Institutions éducatives, l’Ecole et l’université subissent de plein fouet cette anti-culture de violence, pendant que les institutions régaliennes –police et armée- sont toujours davantage plébiscitées, au nom d’une idéologie sécuritaire qui prône le repli sur soi.

Les cultures dites régionales, dont l’occitane, sont impactées par ce regain nationaliste, qui renforce toujours davantage le centralisme d’Etat et entrave les processus d’autonomisation. Comme en témoignent la réforme du lycée et du baccalauréat qui met en péril le suivi des études en langues régionales, la raréfaction des recrutements d’enseignant-es, les amendements de la bienvenue loi Molac par le Conseil constitutionnel, l’inauguration de la cité internationale du français « langue unique » à Villers-Cotterêts, en l’absence de référence aux langues régionales…

                                                   Etat des lieux pan-occitan

Des acquis obtenus de haute lutte par les générations antérieures demeurent tel l’IEO, le réseau des écoles primaires associatives dont les Calandretas en Occitanie, Òc-Bi, lo CLO, le CIRDOC à Béziers, l’OPLO (Office public de la langue occitane) à Toulouse, le Conseil de la langue occitane ou CLO et l’Acadèmia Occitana, le Carrefour culturel Arnaud Bernard et le Forom des langues du monde (Toulouse), l’université d’été de Laguépie, lo Congrès Permanent de la Lenga Occitana, la FELCO membre de la FLAREP, à Montpellier… Dans des métropoles régionales comme Toulouse, le regroupement des associations, telle Convergencia Occitana, permet de plaider plus efficacement notre cause auprès des pouvoirs publics municipaux, départementaux, régionaux.

Cela dit, certaines limites de l’occitanisme sont à identifier pour espérer une marge de progression significative:

-le monde associatif est constitué surtout d’organismes assez isolés et d’associations dont l’objectif est d’abord stratégique et organisationnel. Il manque un laboratoire d’idées qui regroupe intellectuels (experts, débatteurs) et organisateurs (décideurs) et qui permette de prendre du recul face aux contextes géo-historiques, de valider acquis et passifs au compte des différentes générations d’acteurs culturels, de dégager des prospectives viables…Trop souvent, dans ce contexte pragmatique, les intellectuels, des auteurs, écrivains, artistes…sont isolés dans leur exercice.

-le manque de moyens de communication participe aussi de cette marginalisation et de celle du monde occitaniste d’une manière générale. S’il existe des journaux en ligne tels le Jornalet ou des chaînes de télévision et de radio associatives, comme Radio Occitania, l’ensemble est peu médiatisé et reconnu. Sans parler des citoyens non occitanistes, combien d’entre nous connaissent le panel des institutions et organisations, ainsi que des possibilités offertes ?  Un comparatif avec les médias catalanistes serait utile, à cet égard.

-la limitation ou l’arrêt d’activités, pourtant reconnues et fructueuses: arrêt du festival d’été de Rodez (Estivada), des marches annuelles pour la langue, difficultés de gestion du CAP’ÒC (Centre d’animation pédagogique en langue occitane) à Pau [1] …                                

                                                                Préconisations

Constituer un laboratoire d’idées, accessible à un plus grand nombre (intellectuel-les, acteurs et actrices culturels, jeunes générations…) sur la base de la mixité et qui comprenne des représentant-es des différentes institutions et organisations occitanistes. Dans l’objectif de contextualiser les enjeux, de prendre attache avec des homologues régionaux pour s’inspirer des exemples de réussite tant idéologiques que stratégiques, de proposer au mouvement associatif des pistes évolutives…

-Créer une APO -Agence de presse Occitane- (brèves, informations, initiatives), dans le but de constituer une structure professionnelle, indépendante des sites actuels sur internet

– Constituer un site et des réseaux sociaux bilingues qui mutualisent
 et archivent les ressources précitées et établissent bibliographie, filmographie…Avec un volet collaboratif et participatif favorisant  une expression spontanée et circonstanciée.

Publier des petits livrets d’une même collection, à caractère pédagogique, qui permettraient de mieux capitaliser les acquis.

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[1] https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/pau/pau-enquete-administrative-souffrance-au-travail-le-centre-d-animation-en-langue-occitane-est-il-menace-18360112.php

Annexe

https://chng.it/NZCwgbHycQ

Cette pétition est portée par le CREO Aquitaine et Òc-Bi.

Au vu de ces missions primordiales pour le bon fonctionnement de l’enseignement en Occitan, nous condamnons la décision prise par CANOPE de retirer brutalement deux professeurs missionnés au  CAP’ÒC (Centre d’Animation Pédagogique en occitan) sans anticiper de continuité pédagogique. Sans personnel compétent, aguerri, expérimenté et spécialisé en Occitan, le CAP’ÒC ne peut fonctionner et l’ensemble de ses missions se retrouve mis à mal.

Doté d’une équipe extrêmement réduite, le CAP’ÒC mène des projets de grande envergure depuis vingt ans. C’est un outil indispensable pour tous les enseignants d’occitan de Nouvelle Aquitaine et d’Occitanie, qu’ils enseignent en primaire ou en secondaire :

–           Il participe à la diffusion de la langue occitane dans la scolarité de l’élève et dans sa famille

–          Il assure la création collaborative et la production d’ouvrages pédagogiques, d’albums jeunesse, de littérature jeunesse, de mallettes pédagogiques, de manuels d’enseignement.

–          Il assume le suivi de la formation longue « Ensenhar » à destination des professeurs.

–          Il intervient dans la formation initiale, la formation continue et pendant les animations pédagogiques.

–          Il accompagne et outille les équipes enseignantes lors de l’ouverture de nouveaux cursus bilingues

–          Son centre de documentation, à Pau, est très fréquenté.

–          Il sociabilise l’occitan par la production de spectacles (Virada joen public), de projection de films (Escòla al cinema), de supports numériques (contes et albums) plébiscitées par les parents d’élèves.

CANOPE, structure nationale dont dépend le CAP’ÒC vient d’annoncer, en Comité Académique des Langues Régionale, que le recrutement de nouveau personnel qualifié prendrait au moins 6 mois : c’est inacceptable ! Cette décision met en danger tous les efforts entrepris dans le domaine du développement de l’enseignement de la langue et de la culture occitanes dans nos deux régions.

Nous, enseignants, parents d’élèves, locuteurs et sympathisants, demandons avec la plus grande force à Madame la Rectrice de l’académie de Bordeaux et à Madame la Directrice générale des services de CANOPE de réintégrer M. Hervé Couture, démis de ses fonctions, sans faute reconnue, ni sanction administrative émise afin qu’il assure la continuité d’un service public qui est indispensable à cet enseignement, et ce, aussi longtemps qu’il le faudra et tant qu’aucune autre personne qualifiée, compétente et occitanophone ne puisse assurer cette tâche.

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Gilbert Dalgalian 11 février

Parmi les moyens d’action et de promotion de l’occitan — en plus et à côté de l’école évidemment — j’ai plusieurs fois plaidé pour la mise en place de chaînes de télévision en occitan qui donneront la visibilité et une légitimité accrues à la langue. Cette télé pourrait avoir deux volets :l’une grand public informative et divertissante et l’autre éducative (non pas des leçons !) à destination des classes et sur les contenus scolaires avec des documents de géo, d’histoire ou de sciences, au demeurant visibles par tout le monde. Donc des  émissions aux heures scolaires, mais visibles par tout le monde. Avec l’avantage que certains parents pourraient discuter de ces documents avec leurs enfants après la classe.

Je suis prêt à conseiller quiconque voudrait s’attaquer à un tel projet, ayant une certaine expérience acquise en ce domaine. (J’en parle dans certains de mes livres).

Courage !

Gilbert Dalgalian

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 Emmanuel Isopet 11 février

Bonser,

Mercés de me mandar aqueste tèxte e de me far l’onor de me demandar un comentari. O fau rapidament abans de partir en vacanças. Espèri qu’ai plan tot comprés e que respondi clarament. S’es pas lo cas, vos ne demandi perdon d’avança e ensajarai d’o rectificar en tornar.

Sus l’estat del luòc, soi plan susprés de l’abséncia de l’IEO, qu’es, me sembla, l’associacion fondadtritz de l’occitanisme actual. De mai es benlèu l’associacion qu’a una preséncia quasi pan-occitana, e son accion a totes los nivèls (del mai local a l’internacional) e dins tantes domènis es coneguda de totes los occitanistas. Compreni pas son abséncia. Question estrategica ? O una tala evidéncia per totes que foguèt doblidada ?
Tanben remarqui una seleccion d’organismes e associacions, totas respectablas, mas que botan en lum l’abséncia d’autras que me semblan tant importantas : las Calandretas son citadas mas pas Òc-Bi, lo CLO e l’Academia Occitana mas pas lo Congrès Permanent de la Lenga Occitana. Aquí tanben, perqué ? Compreni pas aquelas causidas o oblits.

Dins los « arrêts d’activités » me sembla qu’avètz tanben doblidat çò que tot occitanista a en cap, a saber l’assassinat de La Setmana e Vistedit.

Sus las preconizacions, cresi que tot lo monde vos podrà seguir. Lo « cossí ? » ven naturalament en seguida. Caldriá prepausar un camin. De qu’avètz en cap (que soi segur qu’avançatz pas sens pensar mai luènh qu’aqueste tèxte!) ?
-Tot tornar bastir o s’apiejar sus l’existent ? Dins lo segond cas l’IEO podriá èsser un element d’aqueste moviment, tant per la riquesa (intellectuala, capacitat d’accion, implantacion…) que son saber far (edicion) e sa reconeissença. Mas tanben lo CIRDOC e Lo Congrès. Mas se causissètz de partir sus de basas novèlas, cal una brava còla per menar lo trabalh e amodar lo moviment.
E un còp aquò precisat, doas montanhas seràn a aplanir :
– cossí far trabalhar los occitanistas amassa (sabètz plan, « 3 occitanistas 4 conflictes »!) ? Esperam d’èsser pro nombroses ? Pro representatius ? O los primièrs i van e los autres seguiràn ?
– la moneda! Es un punt essencial. Se, coma o disètz en introduccion, i pensam pas, l’arribada d’unes partits al poder podriá signar la fin de tot moviment occitanista de tant sèm dependents de las subvencions publicas. Cossí venir mai autonòmes, mai independents, e donc mai liure e ça que la mai eficaces ?

Vos daissi amb mas primièras remarcas a caud que son mai de question que de remarcas. Al plaser de vos legir.
Amistats

Emmanuèl Isopet

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 Franc Bardou 12 février

Bonjour à tous

1) Personnellement, ne pas voir figurer le très fumeux « Congrès » à côté de besogneuse Academia Occitana ne me gêne pas, du moins pas tant que ce fameux « Congrès » n’intègre pas ouvertement, honêtement et sereinement le fait patent et parfaitement que, depuis plus de 10 ans déjà, seule l’Academia Occitana (et sa petite sœur intellectuelle, l’Academia Aranesa dera Lenga Occitana) travaille(nt) sur le projet déjà bien établi, bien visible et bien applicable d’Occitan Standard, seul garant linguistique, sociétal et intellectuel de l’unité de la langue — et donc, tacitement, de l’unité du peuple qu’elle définit par delà ses particularités plus ou moins locales, plus ou moins folkloriques et donc, la plupart du temps plus ou moins désuètes.

Pour assainir le débat autour de cette problématique interne : une seule solution depuis le début, et j’en ai déjà parlé, voici longtemps à mon cher Gilbert Mercadier, pour lequel je conserve la plus profonde estime : le respect mutuel et la collaboration complémentaire. D’un côté l’Academia Occitana (et sa petit sœur aranaise) s’occuperait de l’occitan standard, tandis que le Congrès continuerait ouvertement et loyalement d’œuvrer en l’enrichissement et à l’assainissement des diverses modalités linguistiques plus ou moins localistes en usage dans les cercles militants actuels (provençal, gascon, limousin, auvergnat, languedocien, et caetera…). Au lieu de quoi chacun se bloque dans des rivalités personnelles stupides, immatures, déconcertantes, fragilisantes et aliénantes, qui nous rendent ridicules (ô combien) aux yeux des (déjà si méprisants) potentats français ou franco-hégémonistes.

2) En revanche, ce qui me gêne vraiment est l’introduction du texte qui nous est soumis, à savoir :

« Le contexte électoral mondial, notamment européen, se traduit par un phénomène inquiétant: résultante de crises à répétition –financière, écologique, sanitaire, socio-économique, intercommunautaire, géopolitique…- de nombreux pays sont désormais gouvernés par des équipes d’extrême droite nationalistes, xénophobes et autoritaires. »

Le contexte électoral mondial est surtout marqué par le fait que la mondialisation des flux et décisions économiques a délibérément hissé les décisions politiques les plus conséquentes bien au-dessus de toute portée électoraliste tant soit peu démocratique, faisant par exemple et très notamment des soit-disant « gouvernements élus de gauche de gouvernement » des pantins de droite dure à peu près aussi peu gauchiste que leurs confrères totalement décomplexés de droite capitaliste ouvertement déclarée (et même de plus en plus souvent fanfaronnée) en tant que telle.

Or ce fait, gravissime au regard de tout jeu démocratique effectif, rend les uns « abstentionnistes » et les autres « extrémistes autoritaristes de droite », nourrissant, ces derniers, l’illusion (gravissime) que ledit « autoritarisme » serait, par la voie électorale, désormais seul gage d’autorité face à la dictature mondialisée des marchés financiers.

Or c’est cela, ce désespoir-là, et lui seul, non pas je ne sais quelles « crises financières, écologiques sanitaires, socio-économiques et géopolitiques » qui pousse actuellement les états se voulant « démocratiques » dans les bras avilissants et aliénants de l’extrême droite, autoritariste et raciste par nature et par définition — l’étranger (quel qu’il soit) faisant alors idéalement figure de bouc émissaire, soit-disant afin de conjurer un sentiment (cependant , ce dernier, bien justifié) d’impuissance des peuples à se diriger eux-mêmes par une voie démocratique effective, étant bien évident que persécuter des minorités culturelles et/ou religieuses ne résoudra jamais rien à ce genre de problèmes strictement politiques, et non point ethnologiques, loin s’en faut…

Or chacun sait bien, sur cette liste, que l’extrême droite n’a jamais été l’amie sincère de la diversité humaine et de la mixité, du progrès social ni culturel, ni la garante du respect des peuples, des faibles, des minorités quelles qu’elle fussent. Ce qui fait, tacitement, du capitalisme mondialisé, devenu actuellement intouchable par la seule voie électorale démocratique, un ennemi juré des langues et cultures « moins répandues », puisque la poussée de l’extrême droite n’est rien de plus que l’une de ses conséquences désastreuses les plus visibles, mais hélas, les moins diagnostiquées en tant que telles. Et le problème s’était déjà posé dans les années 30 du siècle dernier, en Allemagne et en Italie, par exemple : rien de nouveau sous le soleil. La puissance internationale poussant à l’appauvrissement flagrant de peuples se sentant humiliés dans leur dignité et leur autorité démocratique légitime, se jetaient alors déjà dans les bras pourtant si fétides de l’extrême droite…

Cordialement

Franc Bardou

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Le 12/02/2024 Claude Sicre 

Bonsoir,

Je suis certes content de voir que certains occitanistes sont toujours prêts à s’activer pour tenter de remédier à la situation, qui parait difficile, d’un militantisme occitan qui est quelque peu éclaté, sans relais pan-occitan d’information et d’analyse auquel un grand nombre de personnes ou d’associations participeraient.

La situation de l’occitanisme était-elle meilleure quand il existait de ces relais qui faisaient autorité, avec une volonté marquée de parler pour tous, mais qui étaient très centrés et parfois fermés à certains courants de pensée différents de celui du comité de rédaction (avec censure à la clef, facile d’en faire la preuve)? Il me semble que ce nouveau projet devrait faire le clair là-dessus : peut-être aurait-il fallu d’emblée ouvrir l’appel à un grand nombre de gens ou d’associations diverses, comme je le fais parfois dans mes envois, de façon quand même limitée ?  Mais je comprends aussi qu’il faut bien commencer modestement. Pour ma part, j’ajoute ici en cc à quelques uns que je connais d’expérience, sans exagérer pour rester dans votre lancée. Piano.

Ce qui m’étonne le plus dans cet appel, dont je salue l’initiative avec respect et compréhension, c’est sa manière de poser le problème, ou de l’introduire,  avec une courte mais très définitive analyse de la situation politique mondiale, assez vague pour ne pas trouver dans l’occitanisme de trop grandes oppositions a priori (encore ne sais-je pas), mais qui pose une question : faudra-t-il que nous soyons tous d’accord sur l’Ukraine ou Gaza ou le pass sanitaire ou Mélanchon pour construire un modeste mais utile outil d’échanges et d’analyses afin de mieux agir dans et sur l’occitanisme ? Ne vaudrait-il pas mieux d’abord essayer de comprendre, en cherchant de se mettre d’accord sur un constat, ce qui nous manque pour confronter nos expériences occitanistes diverses et comment combler ce manque ? Répondre à cette question comporte déjà nécessairement la construction de cet outil, puisqu’il faut bien un support pour continuer à échanger sur les possibilités de nos échanges.

Êtes-vous sûrs que nous avons besoin de convoquer la conjoncture internationale pour s’expliquer les gâchis qui sont de notre ressort?

Laboratoire d’idées, oui, mais où, comment, entre qui etc. ?

Pour ma part j’ai connu ces dernières années le MEILLEUR laboratoire d’idées que j’ai jamais connu dans l’occitanisme et même ailleurs : un blog ouvert à tous, tenu par un universitaire modéré, lançant des conversations sur des questions très diverses et qui a parfois débouché sur des déclarations de grande importance : celui de Jean-Pierre Cavaillé, Mescladis e Còps de gulas. Pas de censure, opinions venant de beaucoup de milieux fort différents, place illimitée pour que chacun puisse aller au bout de son raisonnement, acceptation de propos facétieux (toujours sabrés ailleurs), très partisans (parfois limites), des approfondissements de tous ordres, des scientifiques n’ayant pas peur de se confronter avec des  gens qui «ne sont rien» : une expérience de démocratie et de pluralisme dans le débat d’idées qui, me semble-t-il, a honoré ( je parle au passé parce qu’il est aujourd’hui en suspens) la cause occitane et celle de la liberté d’opinions en général (en France) comme aucune autre publication ne l’a jamais fait. MONUMENT d’action décentralisateur que,  j’en suis sûr, les bons historiens salueront un jour. Pourtant je n’y ai pas vu souvent, ni jamais, pour certains, la signature de beaucoup d’occitanistes réputés. Peut-être parce que l’ex cathedra devait venir s’y poser par ses arguments et sa maitrise, non par son autorité titrée, dans une mêlée sans classe et sans état ? Sans places (réservées) et sans État (ou ce qui en fait fonction, illusoirement, pour d’aucuns)?

Je m’arrête ici pour aujourd’hui. Merci de m’avoir adressé ce courriel ! Bravo pour l’initiative !

La situation était-elle meilleure quand il existait ….centrè

En occitan ou en français ?

Je me permets de mettre en cc , d’ouvrir un peu l’appel à des gens, ou des associations

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Le lun. 12 févr. 2024  Sylviane Franzetti

Il me semble urgent de lier le culturel et le politique. Ce qui différencie l’occitanisme de ce qui se passe en Corse, en Bretagne, au pays basque ou en Alsace (bien sûr ces régions n’ont pas autant perdu leur identité que l’Occitanie) c’est que beaucoup d’occitanistes en sont restés à une revendication culturelle sans essayer de se demander comment lier  cette revendication à une réforme politique de grande ampleur: quelles institutions, quelle place pour un pouvoir régional, quel développement économique, quelle protection de la biodiversité, etc…Certes, si on avait réussi à obtenir une scolarité bilingue de la maternelle à l’université pour tous, si on avait des médias en langue régionale etc. ce serait une bonne chose;  mais est-ce que cela favoriserait des avancées sociales, environnementales, le respect des peuples défavorisés etc. Et est-ce que cela freinerait le désintérêt de nombre de citoyens pour la politique, la montée des idées d’extrême droite, le repli sur soi,  si on ne change pas en même temps « le système » en place ? Rien n’est moins sûr.

Donc, vos préconisations me semblent tout à fait pertinentes et notamment un laboratoire d’idées où chacun, du plus érudit au plus novice, puisse s’exprimer (sans se faire massacrer par quelques « sachants » ) pour réfléchir ensemble à un projet de société: démocratie participative, fédéralisme, etc. les idées ne manquent pas pour avancer vers un monde moins négatif.

Sylviane Franzetti (Biot)

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De : Gric de Prat 13 févr. 2024

Quelques idées à envoyer à tous pour contribuer au débat ?

Adishatz,

J’ai lu avec intérêt ce mail…Moi-même, depuis quelques mois (notamment) dans mes articles sur le « Jornalet » ou « Per Noste », je m’interroge humblement et j’interroge « l’occitanisme », mais de façon un peu différente de celle exposée dans l’appel. Réflexions issues d’un acteur de terrain, à la fois artiste et professeur, réflexions d’un « excentré » gascon et bordelais, mon approche pose un certain nombre de questions inhérentes à l’idée occitaniste, à ses réalisations passées et à son projet futur (voir les articles).

Par ailleurs, au delà de la fragilisation évidente des acquis, je me pose également la question de l’efficacité de ces « institutions occitanes » et de leur rôle futur. L’institution n’est qu’un outil, dont on doit légitimement évaluer le rôle et l’efficacité dans un projet occitaniste plus clairement défini. Bref, il conviendrait de revoir l’occitanisme, dans son concept même tout comme dans ces institutions à la lumière d’un relatif échec de ses réalisations passées…le combat pour préserver des acquis (ou certains acquis) pourra prendre alors tout son sens et mobiliser véritablement.

Nous n’échapperons pas à cette analyse qui me semble d’autant plus urgente que le contexte social est relativement défavorable (mais il n’a jamais été vraiment favorable et les générations passées n’ont pas attendu pour mener des actions et lancer des idées). Cette remise en cause passera aussi forcement par la question de l’existence et de la pertinence d’une « élite » intellectuelle ou administrative…au service de qui  et de quoi ?  La culture d’Oc est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux spécialistes (ou qui pensent l’être)  ou aux institutions.

Cela ne peut qu’être l’affaire de tous ceux qui le souhaitent,  si l’on désire une nouvelle mobilisation autour d’un projet clair et probablement pluriel.

Bref, un travail sur nous-même et sur nos réalisations, au delà (et peut-être pour préciser) des revendications. Alors d’accord pour le « laboratoire d’idées » si le jeu est véritable et ouvert…

Amistats

Eric Roulet

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Bernat

Adiussiatz !

Je n’ai pas le temps pour l’heure de contribuer en direct à vos échanges, car trop pris par les contraintes de ce qu’on pourrait appeler les obligations quotidiennes d’un opérateur culturel occitaniste ordinaire. Dommage.

Je me permets toutefois de vous faire parvenir en PJ quelques textes glanés ici et là sur la question de la liaison entre bio et glotto diversité que Marc Vidal traite un peu rapidement, je trouve, « d’idéologie douteuse ».

Pour ma part, je pense que le mouvement occitaniste doit être plus stratégique, plus pragmatique, cesser d’exclure systématiquement telle ou telle option, telle ou telle personnalité, comme il l’a fait depuis des décennies et continue de le faire. Et chercher tout ce qui peut rassembler le plus grand nombre, pour légitimer notre cause.

Je signale que l’IEO Cantal va organiser un débat à l’occasion de ses 50 ans le 5 mai prochain avec plusieurs intervenants universitaires qui promet d’être intéressant. Le thème pourrait être quelque chose comme « Langue et culture minorisées : comment survivre au XXIème siècle ? ».

Coralament

Bernat Giacomo

10, Camin – Chemin da Trin

Maruèjols

15800 Polminhac

06 83 39 14 33

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René Merle

Bonjour,

Je suis heureux de voir tant de gens, jeunes et moins jeunes continuer à s’intéresser à l’occitanisme et à envisager les chemins de son avenir. Mais je ne participerai pas au débat. Place aux jeunes.

Ce message en effet est celui d’un fatigué de 88 ans, rangé des voitures, sans contact depuis longtemps avec une quelconque organisation occitaniste, et sans appartenance à un parti hexagonal. C’est dire que je ne parle que par rapport à l’expérience que j’ai eue quand j’étais vraiment engagé dans un contexte social collectif, tant au plan occitaniste qu’au plan politique français.

La réduction du mot « Occitanie » à un ensemble régional officiel met en abyme le vieux fantasme d’une nation occitane identifiée par l’espace de sa langue, et le pouvoir réel d’une région administrative, en quelque sorte concrétisant « a minima » le vieux fantasme nationaliste. Un pouvoir qui peut “sauver” la langue… Alors que, comme le remarquait justement un de tes correspondants, si la notion de langue occitane a gagné dans les milieux cultivés, la langue ne vit encore que dans la perpétuation et la réanimation des parlers locaux. Et j’avoue humblement que, si je n’ai pas de frissons en entendant parler l’occitan standard, j’en ai quand il m’arrive de réentendre ce qui sonnait dans les cordes vocales de mes grands parents. Conception sentimentale et réductrice bien sûr.

J’en tiens toujours, en ce qui concerne la langue et son éventuelle salvation, non pas à une salvation administrative, mais au possible support social qui viendrait remplacer l’ancien support social paysan, artisan et ouvrier, celui qui faisait vivre la langue sans la revendiquer, et encore moins la défendre. Les « néo-locuteurs » peuvent-ils constituer ce support ? L’occitanisme ayant depuis longtemps abandonné ses ambitions initiales pour se réduire essentiellement à un mouvement universitaire et enseignant (j’en excepte les créateurs, musiciens, auteurs, animateurs de cercles de paroles locaux, etc), ces « néo-locuteurs », jeunes ainsi formés, sont immergés dans un monde où la langue d’oc n’existe que virtuellement (internet, chats, lectures), mais où les tentatives « autoritaires » (municipalités, régions) d’affichage de la langue (panneaux, transports, etc) ne me semblent pas d’une efficacité évidente. Le problème, me semble-t-il, est que ces « néos » formés par la fac et quelque peu par les collèges et lycées, s’engouffrent dans les carrières “occitanes” que leur offrent les Régions et deviennent en quelque sorte les fonctionnaires d’une machine qui tourne à vide, faute d’embrayer sur un vrai support social. Je constate, et ne critique pas.

Quoi qu’il en soit, puisque la langue d’oc existe pour ses amoureux, quel rôle peut-elle avoir dans cette dialectique Centre-Périphérie, Paris-Province, Culture mondialisée-Repli identitaire ? Il est évident que ceux qui écrivent, peignent, filment, montent sur scène un peu partout sans dépendre du microcosme culturel et étatique parisien, peuvent agir sans trop se soucier d’une langue qui n’est plus véhiculaire. Leur rapport immédiat est avec la langue maternelle, en l’occurrence le français. D’ailleurs il est significatif que notre débat se déroule entièrement en français.

J’ai partagé les engagements politiques de Castan, je ne l’ai pas entièrement suivi en ce qui concerne ses engagements occitanistes, car, depuis la déclaration de Nérac, il pensait et répétait qu’une langue peut vivre sans support social, si elle est celle d’une vraie Littérature. Oui, nous avons une littérature, mais elle est enfermée dans le petit ghetto (ce n’est pas péjoratif) de ceux qui savent ou veulent la lire. Donc, on en reste à ce que j’ai souvent répété, transmettons-nous aux générations futures la langue cryogénisée comme un embryon, point barre ?

Bon, comme on dit, me siáu espurgat, et n’en dirai pas plus.

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14 février 2024  Martine Boudet

Bonjour,

en complément des problématiques proposées, deux me semblent importantes à traiter :

– la place des femmes dans le mouvement occitaniste
           Comme vous le savez, elles sont peu nombreuses à être en responsabilités, un indice en est leur moindre représentation dans cette boucle. Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs : la domination historique subie en Occitanie sur un plan tant religieux que politique (depuis 8 siècles comme l’a rappelé Franc), la préséance du combat pour la langue qui est en danger, la persistance également d’un patriarcat de type méridional, méditerranéen…

Cette réalité contraste avec l’idéal féministe de la poésie des troubadours et les valeurs de convivialitat et de paradge. En relation avec l’important travail de lutte pour l’égalité homme-femme qui est mené en France, en Espagne et ailleurs, une préconisation serait de renforcer la mixité dans le mouvement occitaniste, voire la parité au niveau des responsabilités (pour créer une émulation).

Au-delà de la question de la « gestion » des personnes, il serait utile de réfléchir à la notion de « cultures de genre ». C’est une notion quasi absente du monde intellectuel parisien (français), qui en reste souvent à un objectif d’égalité socio-économique et en matière de représentation publique, sur une base individualisée et indifférenciée au niveau du genre comme culture. Ce serait un apport de l’occitanisme intellectuel que de « resubstantialiser » le débat public, en démontrant qu’il existe des différences genrées, de nature comme de culture (du domaine de l’inné et de l’acquis, en d’autres termes), que celles-ci ne peuvent se résumer à des réalités stéréotypées, que les démarches de domination et de soumission peuvent être dépassées par des dialogues interculturels de genre, et que ces derniers peuvent contribuer à pacifier et à redémocratiser l’espace public, actuellement dominé par un imaginaire guerrier et viriliste du « réarmement » et du « choc des civilisations ».
D’une manière générale, mobiliser la composante féminine du mouvement occitaniste ne peut que renforcer celui-ci.
Pour information, ce blog « Parité occitane » que j’ai créé et qui peut être alimenté, avec les éléments que vous pourriez apporter : https://pariteoccitane.wordpress.com/

Le Félibrige a récemment publié un ouvrage que j’ai co-coordonné, Les femmes et le féminin en pays d’Oc et au Félibrige.
Un travail de plusieurs années pour recenser et faire connaître des figures féminines parfois laissées dans l’ombre jusque-là.

https://www.felibrige.org/2022/03/les-femmes-et-le-feminin-en-terre-doc-et-au-felibrige/

Une auteure d’origine méridionale intéressante, Marie-Cécile Naves, La Démocratie féministe : réinventer le pouvoir, Paris, Calmann-Levy, 2020 https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-C%C3%A9cile_Naves#Publications

Dialogue inclusif et démocratie en interne
Connaissant bien les rouages d’organisations du mouvement social dont les directions sont parisiennes, j’ai souvent plaidé pour que la tendance hiérarchique voire parfois autocratique (assez mimétique du pouvoir central) ne l’emporte pas sur le dialogue interne et sur l’inclusion des bonnes volontés.

Dans le cas des organisations occitanistes, le bilan que je peux en faire est évidement plus nuancé. L’ouverture d’esprit et la capacité à collaborer sont à saluer dans la plupart des cas. Comme il a été dit par d’autres intervenants, l’esprit de chapelle et de l’entre soi l’emporte parfois. Il pourrait être préconisé, pour le développement de l’occitanisme, de favoriser un dialogue inclusif entre organisations et à l’intérieur de celles-ci.

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13 févr. 2024 Marc Vidal

Bonjour à tous,

En ce qui concerne le laboratoire d’idées, on sent bien que les diverses idéologies de l’occitanisme sont arrivées en bout de course. J’en ai recensé une petite vingtaine, une des dernières étant l’analogie entre la biodiversité et la diversité linguistique (analogie douteuse à mon avis).

Parmi les nouveaux faits qu’il faut prendre en compte, il y a la disparition des derniers locuteurs, l’envahissement de l’anglais qui modifie le paysage linguistique et le fait surprenant de machines qui parlent. La parole n’est plus maintenant le privilège unique de l’être humain. L’intelligence artificielle reste profondément ambiguë dans ses effets sur la vitalité linguistique.

La modernité impacte durement toutes les minorités linguistiques et des organismes internationaux évaluent les effets, font des propositions et comparent des expériences menées ici et là. C’est le cas notamment en Europe d’ELEN et de NPLD. A chaque AG, ces organisations invitent des orateurs et produisent des connaissances dans le domaine des politiques linguistiques.

Ce sont donc des laboratoires d’idées, en relation avec d’autres producteurs de connaissance notamment autour de la Charte des langues minoritaires. Les commissaires chargés de l’application de la Charte ont une expérience pratique de la façon dont les choses se passent dans les pays signataires.

Les gens qui travaillent autour du projet européen ELE (traitement automatique des langues) ont aussi produit des documents très argumentés sur les aspects techniques (et un peu politiques).

Il y a donc des gens en Europe qui ont largement de quoi alimenter un laboratoire d’idées.

On n’est pas tout seuls.

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De : Gric de Prat  13 févr. 2024

Quelques idées à envoyer à tous pour contribuer au débat ?

Adishatz,

J’ai lu avec intérêt ce mail…Moi-même, depuis quelques mois (notamment) dans mes articles sur le « Jornalet » ou « Per Noste », je m’interroge humblement et j’interroge « l’occitanisme », mais de façon un peu différente de celle exposée dans l’appel. Réflexions issues d’un acteur de terrain, à la fois artiste et professeur, réflexions d’un « excentré » gascon et bordelais, mon approche pose un certain nombre de questions inhérentes à l’idée occitaniste, à ses réalisations passées et à son projet futur (voir les articles).

Par ailleurs, au delà de la fragilisation évidente des acquis, je me pose également la question de l’efficacité de ces « institutions occitanes » et de leur rôle futur. L’institution n’est qu’un outil, dont on doit légitimement évaluer le rôle et l’efficacité dans un projet occitaniste plus clairement défini. Bref, il conviendrait de revoir l’occitanisme, dans son concept même tout comme dans ces institutions à la lumière d’un relatif échec de ses réalisations passées…le combat pour préserver des acquis (ou certains acquis) pourra prendre alors tout son sens et mobiliser véritablement.

Nous n’échapperons pas à cette analyse qui me semble d’autant plus urgente que le contexte social est relativement défavorable (mais il n’a jamais été vraiment favorable et les générations passées n’ont pas attendues pour mener des actions et lancer des idées). Cette remise en cause passera aussi forcement par la question de l’existence et de la pertinence d’une « élite » intellectuelle ou administrative…au service de qui  et de quoi ?  La culture d’Oc est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux spécialistes (ou qui pensent l’être)  ou aux institutions.

Cela ne peut qu’être l’affaire de tous ceux qui le souhaitent,  si l’on désire une nouvelle mobilisation autour d’un projet clair et probablement pluriel.

Bref, un travail sur nous-même et sur nos réalisations, au delà (et peut-être pour préciser) des revendications. Alors d’accord pour le « laboratoire d’idées » s’il le jeu est véritable et ouvert…

Amistats

Eric Roulet

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Claire Gago-Chidaine
13 février

Bonjour Martine, bonjour à tous et toutes,

Sur la forme, il m’est difficile de comprendre la démarche, ne connaissant pas de nombreux destinataires et ne sachant pas l’objectif, ni l’endroit, d’une publication de ce texte.

Pour l’exercice, je me présente donc, je suis Claire Gago-Chidaine, militante occitane au sein du Partit Occitan, de Provence, assistante parlementaire de François Alfonsi, député Corse (de Femu/Régions et Peuples Solidaires) au Parlement européen.

Sur le fond:

– je trouve les choix des éléments de contexte étonnants, et pronerais plutôt une approche plus large (pourquoi dénoncer le fondamentalisme de l’islam et pas le repli de toutes les religions, la pérennisation des extrémismes de tout bord?) rappelant les valeurs d’ouverture et de vivre ensemble de l’Occitanie.

– pour Villers-Cotterêts, il y a bien des références aux langues régionales dans une des salles (je déteste ce lieux, sa symbolique et son traitement de nos langues, mais c’est un fait)

– pour Pour Que Vivent Nos Langues, le Collectif n’a jamais été mis en sommeil, nous avons organisé une manifestation à Paris mercredi dernier, avec les lycéens de nos langues, y compris les Occitans. Je participe au collectif et l’anime, depuis sa création en 2019, et j’ai, depuis, au moins une réunion par mois, des courriers, communiqués de presse, actions, contacts avec les élu.e.s et les gouvernements en pagaille. Si c’est un sommeil, il est très léger.

Je partage les préconisations et je suis ravie que tu t’en saisisses et que tu les lances Martine, je participerai volontiers.

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De : Fermin Trocha 13 févr. 2024

Adiussiatz,

Òsca per l’iniciativa, il est temps en effet de réfléchir sur la situation de l’occitanisme, es ora ! Peu importe me semble t-il l’outil de discussion bien sur avec le net complété par une rencontre physique une fois l’an.

Pour ma part je mettrais en priorité la « soscadissa » sur quelle stratégie nous avons mené jusqu’ici et est elle toujours pertinente ?

 Nos grands « penseurs » depuis Mistral, Fontan, Lafont, ou encore Castan ont finalement tous essayé de poser une identité pan-occitane culturelle et/ou plus ou moins politique, hors qu’en est il vraiment dans la conscience populaire ? l’avons nous perdue ou plutôt nous ne l’avons jamais eu ? J’en viens de plus en plus à accepter la réalité de notre situation qui montre une conscience encore forte de nos pays occitans de ce qu’on appelle parfois la petite patrie, j’entend par là les pays comme le Rouèrgue le Béarn, le Périgord, la Bigorre, la Provence, le Minervois, l’Albigeois, le pays Niçois etc…Nous devrions être plus humble dans notre « nationalisme » occitan plus ou moins avoué,  même les catalans qui ont une histoire avec des périodes d’indépendance ou d’autonomie récentes et sans comparaison avec nous parlent toujours dels « paisos catalans ». Il ne s’agit pas de renoncer à ce rêve de la grande Occitanie mais peut être pour avoir une chance de le voir progresser de s’appuyer sur ce qui nous reste d’identité sur les territoires à dimension humaine que sont les « paises occitans » J’entends par territoires à dimension humaine des territoires où l’on retrouve facilement une culture très proche, une histoire et une géographie, une économie commune et finalement un « airal » où la solidarité populaire sera plus évidente. 

Vaqui pour ce début de  réflexion qui me semble fondamental, la question occitane pose une question politique très importante car elle touche encore plus de part sa spécificité le problème du centralisme français. 

Remèsi FIRMIN 

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Claude Sicre 14 février

Bon ser,

Je suis très heureux de lire ces propos de la part de Rémi. Le retour au bon sens et à la modestie dans les domaines dont il parle est la meilleure chose qu’il puisse nous arriver. Accepter la réalité de notre situation en est le premier pas, il a parfaitement raison, me semble-t-il. Ce qui n’interdit pas les rêves qui peuvent passer pour fous, bien au contraire : c’est ce qui les conditionne et leur permet de se réaliser.

Je m’expliquerai là-dessus en détail quand le temps sera venu, c’est-à-dire quand nous aurons trouvé le support (et la méthode de l’utiliser) où tenir nos échanges, et les tenir dans une bonne ambiance. C’est là que je me sépare un peu de Rémi, quand il dit «peu importe l’outil de discussion». Pour moi c’est essentiel, et premier. Car si on ne sait pas trouver cet outil et nous donner des règles pour son emploi, la discussion, à mon sens, ne durera pas (discussion dont j’aimerais qu’elle soye tout d’abord une conversation, d’ailleurs) (le ton de Rémi dans ce message pourtant fort reste justement celui de la conversation). Par contre, si on réussit à trouver l’un et l’autre (le support et la méthode), cela signifiera que nous sommes capables d’aller loin ensemble dans la recherche d’une ambition commune, à la fois grande (puisqu’il s’agit quand même de beaucoup chambouler la France) et raisonnable (et donc possible). Nous verrons vite si nous savons en prendre le chemin ou si c’est remis à des demains, pas grave.

Je propose aux initiateurs de joindre Jean-Pierre Cavaillé, pour voir ( je ne suis pas scotché à cette idée, mais il faut essayer toutes les pistes).

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Franc Bardou 14 février

Bonjour,

Pour répondre à Rémi Firmin, la seule chose qui ait jamais fait « conscience commune » dans l’histoire d’Occitanie, c’est et ça restera longtemps encore (pour toujours ?) le mouvement littéraire et culturel suscité par la poésie des Troubadours. Tout le reste de nos manifestations et phénomènes culturels, savants ou (surtout) populaires, n’a jamais été que local au plan de l’espace global de la langue.

Comment les pouvoirs français s’y sont-ils pris pour créer de toutes pièces, très artificiellement donc,  « une conscience nationale » française, qui, au plan ontologique, n’est absolument rien de plus ou de moins qu’une « conscience nationale occitane »  ? En s’inventant un roman national (mensonger par définition et par vocation, sur presque toute la ligne) duquel ils ont imposé l’apprentissage systématique à tous, de la maternelle jusqu’à la fin des études littéraires, humanitaires ou, surtout, journalistiques, sans nuance ni discussion : les mensonges d’états ne se discutent pas, ils s’assimilent.

Dans tous les cas, une « nation » n’est qu’une « invention » à laquelle on se rattache, ou pas. Je ne suis pas particulièrement attaché a l’idée d’une « nation occitane ». En revanche, je suis totalement allergique — physiologiquement et psychologiquement intolérant — à l’idée, bien plus fantasque et imaginaire encore (question d’échelle territoriale, de démesure), d’une « nation française » imposée à  tous, et surtout à des non-francophones.

De ce fait, il n’est peut être pas trop imprudent d’ajouter à la très courte liste des éventuelles notions « pouvant faire conscience commune » à une idée occitane globale, initiée par les Troubadours, la notion de « refus obstiné de cesser d’être soi » pour le compte et le confort politique, moral et usuel d’autrui (autrui, c’est à dire de populations ne parlant pas notre langue dans l’une ou l’autre de ses formes, locales et/ou générale). Ce refus détermine ce que j’appelle parfois l’outil d’une éventuelle « nationalité occitane », que j’oppose très circonstanciellement (lors des combats) à l’attaque impitoyable de l’épée de la francisation systématique de tout ce qui n’est pas encore francisé sur l’ensemble de territoires décrétés nationaux par les dominants armés. La « nationalité occitane » ne me sert à rien sauf à me protéger, au combat, de l’intolérable agression que constitue sans cesse depuis la fondation de la radio, de la télévision, des journaux mais, surtout, de l’Ecole Publique, l’assimilationnisme nationaliste français. Hors du rôle (ô combien lassant et épuisant) du bouclier de l’être-soi face à l’épée de l’interdiction d’être-soi, un éventuel « nationalisme occitan » non seulement ne me sert à rien, mais bien plus, ne m’est rien. Et je ne suis pas du tout certain que cela soit propre à l’Occitanie. Même en Catalogne, les Catalans n’ont vocation à être catalanistes que face à la volonté castillane d’assimilation territoriale et de sujetion d’un peuple parlant une langue à un autre, en parlant une autre. En dehors de la « zone historique de conflit », les Catalans n’ont vocation qu’à être, mais à être soi, comme tous les peuples, sans exception. L’annexionisme, l’exterminisme et l’assimilationisme sont trois barbarismes qui définissent selon le mieux la notion de politique barbare. Et n’importe qui peut l’adopter ou/puis la rejeter ; elle n’a, en soi, rien d’ontique ni de définitionnel pour quelque peuple que ce soit, fût-il français, castillan ou autre.

Cependant, le fait que l’éventuelle « nationalité occitane » puisse ne constituer dans les faits qu’un simple bouclier dialectique face à l’assimilationnisme français, un tel porte immanquablement certains localistes à prétendre que l’Occitanie ne serait rien. Ils apportent des arguments culturels à leur négation, des arguments qu’on peut entendre, recevoir et respecte, et que je suis prêt à respecter, à intégrer. Mais ce, à une condition stricte : si, pour les raisons qu’ils évoquent, l’Occitanie, en tant que « tout culturel » n’est que les Troubadours — qui n’existent plus —, autrement dit PLUS RIEN, la France, pour les mêmes raisons et de la même façon, est ENCORE BIEN MOINS QUE RIEN et, partant, j’en ai plus que marre qu’on me l’impose 24 heures sur 24 en tant que seule garante pour moi de quelque identité que ce fût.

Dernière clarification sur la définition culturelle d’un tel bouclier dialectique, et les lecteurs éventuels de mes recueils de poèmes le savent déjà depuis longtemps. Je dépose dans mon escarcelle culturelle personnelle tout ce qui me plait : des arts persans, arabes, hébraïques, italiens, catalans, allemands, anglo-saxons, castillans et sud américains, américains natifs, et même des éléments celtiques, plus nordiques et mêmes russes, chinois, hindous, océaniens : tout ce qui m’est poétique et me tombe sous la main — et même si c’est, bien entendu, poétique francophone. MA culture, c’est cette collecte permanente, qui n’a jamais de fin. Mais c’est dans MA langue, l’occitan sous sa forme standard, c’est à dire à vocation non localiste, que je la porte et la transcende.

Pour ce qui est des Paisos Catalans, nos frères du sud des Corbières et des Pyrénées ne parlent pas à l’échelle de l’Empordà, du Ripollès, du Llobregat Baix ni Alt, etc… Ils parlent à l’échelle d’entités régionales historiques (et non pas administratives françaises ou castillanes, qui n’ont aucune valeur ni légitimité culturelles en soi) : Balears, Franja Aragonesa, Catalunya Nord, Principat, País Valencià. Quoi d’équivalent à de tels « Pays » dans une Occitanie culturellement dévastée par 8 siècles d’ingérence française centraliste et assimilationniste ?

J’interviens sur cette liste en français car certains colistiers n’ont pas vocation à connaître l’occitan. J’ai peut-être tort sur ce point, et vous prie de m’en excuser. C’est par respect pour eux, pour ne pas les exclure.

Cordialement

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Gric de Prat 

Votre réponse et les idées que vous développez restent des considérations théoriques. Mon propos n’est pas théorique, je souhaite simplement décrire quelques éléments de la réalité vécue (ou telle que je la perçois en toute simplicité) sur le terrain.

A supposer même que vous puissiez exposer vos idées (mais par quel moyen ? ) aux aquitains ou aux gascons (qui se reconnaissent comme tel, à tort ou à raison), vous n’auriez aucune chance d’être entendu, tant les considérations théoriques sont en dehors du vécu et de l’imaginaire général. Le débat théorique peut se poursuivre indéfiniment dans l’indifférence générale…

Si vous souhaitez construire une « nation occitane » ainsi dénommée, il va falloir partir  de la réalité et de l’imaginaire actuel, quel que soit sa (non?) pertinence théorique (par ailleurs discutable, mais là n’est pas mon propos).

Pour nous, il s’agit de développer un discours réaliste, d’une légitimité possible et de voir ce que le projet occitaniste peut apporter de nouveau et de positif à la population pour espérer son soutien.

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Le 14/02/2024, Franc Bardou a écrit :

1) « Une nation occitane » n’a jamais existé parce qu’aucune nation n’existe au plan ontologique. Il en va des « nations » comme des « dieux » : on y croit, on n’y croit pas, on n’y croit plus, ou pas encore. C’est tout. Et d’y croire ne les fait pas exister moins ni davantage.

2) « LE  gascon » non plus n’a jamais existé : il n’a jamais existé que des modalités locales de l’occitan, de Nice à Bayonne plus ou moins distantes entre elles géographiquement et, donc, linguistiquement. La forme d’occitan parlée dans le l’ouest toulousain — réputé gascon — ressemble bien plus à la forme parlée dans l’est toulousain — réputé languedocien — qu’au béarnais  qui parfois cherche même à se distinguer du soi-disant gascon. Or, fort d’un tel constat, où commence ledit « Gascon », au singulier ?

3) Personne n’a la même histoire que quiconque autre. Mon voisin n’a pas la même histoire que moi. Ce qui est vrai à l’échelle personnelle ne peut que l’être bien plus encore à l’échelle collective. Pour autant, on peut décider — ou non — d’une communauté de destin : ce qui ne parle pas d’Histoire, ni d’histoires, mais d’avenir possible. Pourquoi certains humains ont-ils décidé de former des cités, de s’y organiser et d’y vivre ensemble ? Parce qu’ils se sentaient plus forts, plus en sécurité, plus efficaces ensemble que chacun tout seul dans son coin… Certains, dans l’art de se replier sur soi, l’oublient sans doute un peu trop vite de nos jour.

4) L’immense majorité des Aquitains ignore effectivement une quelconque appartenance à la culture d’Oc et le mot d’Occitanie pouvait fort bien leur être inconnu jusqu’à ce que la région programmatique française (à la fois provençale, languedocienne et gasconne, tout de même, selon vos critères habituels) décide de s’appeler abusivement à elle seule « Occitanie », pour la bonne et simple raison que l’immense majorité des habitants de l’état français , Aquitains compris, sont soigneusement conditionnés à ignorer en général une quelconque existence de la culture d’Oc, c’est à dire, par définition, de la culture occitane.

5) Que les Aquitains et leurs voisins ignorent de tels faits ne les empêchent en rien d’appartenir à ladite culture occitane. Tout dépend, lorsqu’on sait de quoi on parle, d’où l’on décide de placer sa fierté, ou bien, lorsqu’on ignore de quoi on parle, d’où l’on décide de placer son orgueil.  La fierté sert à avancer, à s’ouvrir, à s’offrir, à accueillir l’Autre à échanger avec lui, de manière équitable. Je ne vois guère d’intérêt, en revanche, à l’orgueil ni au replis sur soi qui, immanquablement, finit toujours par l’accompagner…

6) La revue OC, « revista de las Letras e de las pensadas occitanas »,  a été dirigée magnifiquement par le grand et inimitable Bernat Manciet, poète pourtant déclaré « gascon » (mais en réalité, comme tout vrai poète, universel, bien sûr) durant plusieurs décennies au XXe siècle. Ce qui fait dire à certains, et non des moindres, que l’Occitanie n’a jamais existé dans les faits que par sa Littérature. Et je ne peux que leur donner raison. L’Histoire n’est en général que l’énumération de faits de guerres et de manœuvres politiques, avortées très souvent, abouties parfois, et, dans ce dernier cas, le plus souvent dévoyées. Rien qui permette en soi d’identifier un peuple. N’avons-nous pas la même Histoire ? Et alors ? Par les faits littéraires, je suis de la patrie de Max Philippe Delavouët, de Bernat Manciet, de Renat Nelli, d’Alem Surre Garcia, de Marcèla Delpastre, mais aussi d’Ibn Arabî, de Âttâr, de Rumî, de Dostoyevski, de Pasolini, de Maria Mercè Marçal, de Pablo Neruda e Federico Garcia Lorca, de Pierre Reverdy, de Joë Bousquet et de Paul Valéry… Est-il besoin de poursuivre l’énumération ? Une partie de mes ancêtre est gasconne, l’autre pas ? Alors, que suis-je ? Je n’écris en occitan de nulle part, puisque j’écris en occitan standard, comme les Allemands le font en allemand standard, les Italiens en italien standard, les arabophones en arabe classique, alors d’où suis-je ? Ma patrie est une littérature, comme l’indiquaient plusieurs auteurs occitanophones du XXe siècles. Qu’il soit encore nécessaire à ce jour de le rappeler, après plus de 60 ans d’explications répétées, me paraît incroyable, mais c’est ainsi… Je suis tous ce que les autres m’apportent de partout, du plus loin possible. La recette, pour être « soi » ne sera accomplie qu’à la mort et n’aura pas la forme grimaçante d’une frontière, mais l’aspect bien ouvert d’un carrefour de l’indéfini et du Tout-possible. Pour autant, afin de se dire soi-même, il faut une langue bien à soi. Si je suis occitan, ce ne sera jamais qu’en cela, et non pas au nom de je ne sais quelle Histoire ne concernant de toute façon que des puissants qui n’ont jamais en rien respecté les peuples…

7) Je ne vois pas pourquoi ni en quoi le désignation « Occitanie » pourrait ne pas (ou ne plus) suffire à désigner l’ensemble des territoires européens où l’on parlait une forme ou une autre de l’occitan. Je ne vois pas plus d’intérêt à appeler ce territoire « Pays d’Oc » au lieu d’Occitanie que d’appeler « Pays d’Oui » le territoire historique de langue française. Je vois pas plus d’intérêt à appeler ma langue « langue d’oc » que d’appeler le français « langue d’oui ». Cela avait peut-être encore un sens du temps du grand Dante, mais aujourd’hui, cela me semble complètement désuet. Vous imaginez, sérieusement, l’anglais, désigné par « langue d’Yes » ? Et comment, dès lors, distinguer l’italien du castillan et du catalan, langues de si ?

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Le 14 févr. 2024, Gric de Prat a écrit :

Comment prendre en compte les faits suivants ?

– L’immense majorité des Aquitains ignore une quelconque appartenance à la culture d’Oc et le mot « Occitanie » inconnu jusqu’à il y a quelques années, désigne maintenant la région d’à côté…Le mot « gascon » pour parler de la langue semble un peu plus connu et de plus en plus ???  Comment désigner dans ces conditions la langue commune et respecter sa diversité dialectale ?

– Nous n’avons pas la même histoire…Une identité commune sur une histoire différente ? L’occitanisme des années passées a été rejeté par les quelques « régionalistes » bordelais qui ne comprenaient pas pourquoi il fallait « aider les toulousains » (citation souvent entendue).

Cela n’a pas été le cas du Félibrige, très présent en Gironde jusque dans les  années 50.

Quelle prise en compte de la diversité culturelle et historique des « pays d’Oc » ? Que voulons-nous bâtir ? Comment désigner maintenant l’ensemble commun ???????

– Si l’identité persiste à l’échelle des « entités historiques locales » (et il me semble de façon renforcée en ce moment), n’est-ce pas à partir de cette diversité, réalité vécue et connue,  que peut se construire un sentiment de communauté culturelle d’Oc (qui semble d’ailleurs avoir, lui, toujours plus ou moins existé et n’aura pas le caractère artificiel d’une « nation occitane unie  » qui n’a jamais existé) ?

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Le 14 févr. 2024, Marc Vidal a écrit :

Bonjour,

En complément de mon précédent courrier sur un laboratoire d’idées, il faut aussi citer le Centre européen des langues du Conseil de l’Europe. Un séminaire public se tiendra le 22 février (français/anglais) :

https://www.ecml.at/Resources/Webinars/tabid/5456/language/fr-FR/Default.aspx

Le mouvement occitaniste a donc beaucoup d’idées à glaner ici et là, et en particulier au niveau européen.

Si nous ne faisons rien, la faute est nôtre.

Cordialement

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Le 14/02/2024, Franc Bardou a écrit :

« Si nous ne faisons rien, la faute est notre » ? Si l’assassin tue la victime et qu’elle ne fait rien pour arrêter la balle de fusil qui l’abat, c’est la faute de la victime ?

« Qu’il soit de notre devoir d’agir contre l’effacement des langues et cultures de France » je veux bien l’entendre. Et c’est d’ailleurs bien ainsi qu’en qualité d’homme de Lettres, je l’entends depuis 1989. Mais quoi qu’il en soit, l’effaceur reste l’effaceur et sa responsabilité criminelle d’effacement délibéré de l’altérité est intégralement sienne et le demeure.

A nous la responsabilité du pot de terre, à lui et à lui seul celle du pot de fer.

Bien cordialement.

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Le 15/02/2024, Franc Bardou a écrit :

1) Ma réponse, Gric de Prat, n’est pas seulement théorique, mais tout autant théorique que pratique. Elle correspond à la pratique d’un activisme culturel, notamment littéraire et éditiorial de plus de trente ans.

Vous semblez chercher à opposer ladite prétendue « théorie » à je ne sais quel pragmatisme, établi sur une ignorance généralisée et soigneusement entretenue par la culture dominante et ses médias, ignorance des faits culturels globaux à prendre en considération pour se faire une idée à peu près juste d’un ensemble occitan.

Aujourd’hui, les professeurs de Physique n’établissement leurs cours de collège sur des inepties populaires (pratiques ?) telles que l’idée que le soleil tournerait autour de la terre ou que la terre serait plate. Ils considèrent comme acquis — mais rappellent simplement — les faits scientifiquement démontrés. Et les faits têtus, fort heureusement.

Or ce qui est global n’a nulle détermination ontique à rester théorique tandis que ce qui n’est que local aurait détermination à se montrer pratique. Il n’y juste que des domaines de connaissance et des domaines d’ignorance — ignorance qu’en qualité de professeur d’occitan — où que ce fût — il était de mon devoir de combattre obstinément. Je l’aurais combattu en Aquitaine comme n’importe où ailleurs entre Nice et Bayonne. Et les élèves, étant au départ ignorants auraient compris et appris, tout simplement, afin de savoir quelque peu, au lieu de croire n’importe quoi (comme à l’état initial). Rien d’original ici : fondamentalement, c’est à cela que sert une école publique. Fonder votre démarche « occitane » — ou bien appelez-la comme il vous plaira — sur des croyances approximatives ou fausses, fussent-elles hélas fort répandues, ne me semble pas une bonne méthode pour avancer vers les faits réels, non pas ceux que l’on croit connaître déjà, mais bien précisément ceux que l’on ignore encore ou que l’on refuse sciemment de prendre en considération jusqu’alors, car ils nous sortiraient de notre zone de confort psychologique et/ou intellectuel.

Je vous rappelle, à toute fin utile, que « je ne cherche pas à construire une nation occitane » mais seulement à détruire la croyance inepte en une « nation française hexagonale » afin de restituer aux autres peuples (autres que le seul et exclusif  peuple francophone) le droit d’exister en conscience et en actes au sein de leur fichu hexagone colonial. Ce que je cherche à construire, c’est la conscience du fait qu’ensemble, tous les occitanophones seraient bien plus forts (et c’est tout aussi vrai pour les catalanophones, bien sûr) que tout seul chacun dans son coin (car c’est pourtant le point où nous en sommes tombés aujourd’hui) ; plus forts afin de mieux résister à la programmatique d’effacement délibéré de toute différence culturelle au sein de l’hexagone.

Théorique (et, plus exactement, dialectique) m’est en revanche la notion de « nation » (occitane ou autre). Que par quelque mensonge et/ou procédure autoritaire, on vienne m’en imposer une autre (par exemple française) et je sortirai dialectiquement mon bouclier « occitan ». Qu’on vienne à ne plus rien chercher à m’imposer je n’aurai alors plus besoin de « nation dialectique », ni occitane ni rien d’autre. Ma seule langue me suffira (dans sa forme standard universelle en ce qui me concerne, personnellement).

2) Que peut donc apporter un projet « occitan commun » ? La force de l’union consentie, délibérée et assumée, rien de plus, rien de moins ! Nous ne pourrons rien construire ni consolider qu’ensemble, et en harmonie, dans la fraternité. A tous nous tourner le dos dans l’égocentrisme généralisé, rien de bon n’en pourra résulter. Pour réussir à presque complètement nous effacer, tous les acteurs de l’uniformisation française sont restés parfaitement unis, par delà la droite et la gauche : soyez-en très certain.

3) La question des moyens de diffusion de mes points de vue aussi bien que des vôtres, ou de ceux de quiconque, aujourd’hui comme hier, n’est pas lié à la qualité ni à la nature de nos points de vue respectifs, mais au seul contrôle des médias par une culture dominante. Il ne faut pas tout confondre, il me semble… Localiste ou universaliste, le message culturel dans une langue non-officielle de France n’a que peu de chance d’être entendu en l’état actuel des choses, en l’état actuel des croyances et des connaissances. Je vous accorde cependant qu’en termes de performance (et non point de pertinence ni scientifique, ni philosophique) le message localiste restera de nature bien plus propice à être toléré (de très haut) par la culture dominante qui n’y trouvera jamais aucune menace réelle contre l’intégrité du bloc hégémoniste français. Que des peuples entiers et parfaitement unifiés dans les actes, les demandes, les pratiques ET les théories, en viennent à remettre en cause la légitimité d’un tel bloc hégémoniste, et je doute fort alors que la tolérance soit la même. Tant que vous défendez un bout de région, un coin de département, de plus ou moins bonne grâce, on vous laisse faire. Défendez dialectiquement et théoriquement une nation (et toutes les nations sont bien sûr imaginaires), et vous allez voir comment vous serez médiatiquement reçu en pratique ! Vous en voulez la preuve ? Le projet du Congrès Permanent per la Lenga Occitana défend une pluralité de dialectes se voulant plus au moins locaux. Certaines entités politiques le soutiennent donc. L’Academia Occitana établit en revanche un seul occitan standard, outil linguistique moderne utilisable de Nice à Bayonne (à la façon d’un français standard utilisé partout dans le monde francophone) et presque aucune entité politique officielle ne la soutient. Et pourtant, notre action académique n’est que linguistique et culturelle, ne se préoccupe ni de politique, ni d’économie, ni de rien d’autre que de la langue. Mais le bloc hégémoniste français ne s’y trompe pas : rien de ce qui pourrait fortifier l’union ne doit être soutenu, bien au contraire. Ce bloc hégémoniste a tout intérêt à, bien au contraire, encourager les querelles, les oppositions, les désaccords, les conflits entre nous et, donc, les localismes, au dépend de l’universalisme (que l’on conditionne culturellement, médiatiquement et éducativement tout un chacun à ne croire possible qu’en français, jusque dans les rangs de la gauche soit disant la plus révolutionnaire) !

4) Croyez-vous sincèrement que Platon et Aristote aient été édités et lus à des millions d’exemplaires durant leur vie antique ? Leur diffusion était des plus minime et confidentielle au regard des populations entières. Et pourtant, 2500 ans plus tard, on en parle encore et on les lit toujours, parce que la portée de leurs œuvres versait dans l’universel, non pas seulement dans le local…

Cordialement

FB

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Le 15 févr. 2024, Gric de Prat

Je ne comprends guère pourquoi vouloir parler sa langue (voir son dialecte gascon) et récupérer son histoire peut empêcher tout accès à l’universel…cela peut même, être le contraire (parfois). Parlons donc tous anglais et nous serons dans l’universel ?

La chance de l’espace d’Oc, n’est-elle pas  sa diversité et l’espoir de construire un ensemble qui inclut la richesse de la diversité dans un tout cohérent ?

En tout état de cause vous trouverez peu de personnes acceptant de se fondre dans une unité linguistique d’Oc, dont ils ignorent l’existence même….

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Gérard Tautil                           14 février 

Que voulons-nous ? 

Adieu collègas, amigas e amics,

   Sabi pas se l’avèm dubèrta aquela boita de Pandòra, mai me sembla que i a aquí quauqua ren au còp pròchi e desparier… L’essenciau es de se ronsar pas sus nòstrei contradiccions mai de lei prendre en còmpte dins l’anar de nòstreis analisis. Aquò dich,

nous savions qu’en faisant cette première tentative nous aurions des réponses différentes et des niveaux variés de conscience en relation avec les terrains pratiqués et les habitudes de fonctionner de chacun (je m’exprime en français parce que je sais que beaucoup de personnes invitées à ces échanges ne parlent ni n’écrivent l’occitan).

Cette adresse est progressive, elle tient compte de la présence des personnes sollicitées comme de l’absence inévitable d’autres. C’est une étape, considérons-la comme telle. Mais les premières interrogations et réponses sont là, elles sont significatives des difficultés rencontrées, des analyses proposées dans la logique de l’exercice. Il faudra prendre en compte toutes les nouvelles participations à mesure que nous avancerons.

Donnons de la souplesse et de l’écoute à ce qui n’est peut-être qu’un essai de plus. Mais jouons le jeu pour le transformer, ne bottons pas en touche, car aujourd’hui nous n’avons rien à perdre.

– Le fond de la question, pour moi, – ce que j’ai essayé d’aborder dans CONTRATEMPS, letras sus l’Occitania e l’occitanisme (IEO nov.2022) (1) -, c’est de mettre à jour les différents paramètres qui sous-tendent la question occitane actuelle et les obstacles rencontrés aux croisements de plus en plus ténus de cette société française imbriquée dans le jeu de la mondialisation. Et corollairement, ses effets incontournables dans le domaine occitan. Ce que soulignent justement Franc Bardòu et Firmin Trocha. C’est une variable fondamentale dont il est difficile de ne pas tenir compte mais qui ne répond pas directement à la question occitane (Claude Sicre). La prendre en compte est nécessaire mais non suffisant. La dialectique, encore et toujours…

–  L’autre aspect central de la question sont les effets psycho-sociaux, culturels, donc politiques, sur ce qui reste de conscience occitane. Cette situation n’est pas nouvelle, elle s’aggrave. Dans cette recherche sous tension qui est la nôtre, une date-rencontre que beaucoup d’occitanistes n’ont pas connue est celle de la Convention occitane de Béziers (2002) que Robert Lafont nous avait demandé d’organiser (il était présent) et dont l’objet était de trouver les moyens de parler globalement à la société occitane. C’est ce thème urgent, déjà clivant, qu’avait développé notamment Jean-Louis Blenet (2) lors de ces deux rencontres méconnues ou oubliées. Mais ce « discours sur la société » que les occitanistes peinent à trouver est, selon moi, toujours d’une actualité pressante.

–  Car c’est bien là que se trouve une de nos contradictions principales.

Cette « parole sur et dans la société » ne peut trouver de réponse s’il reste dans les domaines séparés du culturel ou du politique. Certes, il n’est pas question de nier l’autonomie des domaines respectifs et les choix des personnes et associations qui s’investissent depuis des années dans l’enseignement de la langue (j’en ai fait partie), dans la pédagogie et les outils spécialisés (grammaires, lexicologie, et je n’oublie pas l’écriture, la riche production littéraire et artistique…), dans les associations correspondantes créées de haute lutte (Cirdoc, Oplo…). Cette autonomie relative ne peut faire abstraction du contexte social et politique, de la société dans laquelle nous vivons.

Il en va de même pour la réflexion civique et politique qui est une dimension centrale de l’occitanisme, historique, le mot n’est pas trop fort. On ne balaie pas impunément ce que l’occitanisme moderne a défendu avec raison, justesse, et qui est au cœur de notre identité. On n’a pas à rejeter d’un revers de manche ce qui nous a distingué du courant félibréen, du refus de Mistral de prendre en compte les mouvements sociaux et le fédéralisme de son temps. (3) Ne refaisons pas l’histoire à reculons. Aujourd’hui, je ne suis pas davantage en adéquation avec son affirmation tranchée qu’il vaut mieux faire de la poésie que de parler de « décentralisation » (lettre à Dévoluy, 1901). J’aime autant la poésie d’oc (j’y préfère le sirventès, on ne se refait pas) que la réflexion sur ce que nous concevons aujourd’hui comme « une décentralisation démocratique » introuvable. Appelez celle-là comme vous voudrez, mais soyons présents face aux questions de notre temps.

Cette dissociation à laquelle l’occitanisme est confronté est le reflet d’une situation de crise au cœur même de la société française, compartimentée, aux réponses univoques et à son roman national (4).

Elle doit être dépassée en laissant à chacun le choix de ses engagements et pratiques mais en cherchant des points d’accord « stratégiques » communs qui nous fassent avancer.

  • Dans l’immédiat, loin de clore ce manifeste proposé au débat, je vois ce texte initial comme la recherche d’une méthode commune pour dégager des axes concrets :

La création d’une boite à idées, ce qui est déjà un commencement par nos échanges. Comment la créer ? Quelle forme concrète lui donner ? Comment l’élargir au plus grand nombre des acteurs culturels, sociaux ? (5) Comment gérer démocratiquement les propositions et les choix retenus ? Comment contribuer au travail des institutions occitanistes (IEO, CREO…) et se positionner comme une structure adjuvante et non concurrente ? Comment prendre en compte les initiatives de cette nature déjà réalisées (Eric Roulet) et notamment l’élargissement à l’Europe (Marc Vidal) ?

– La recherche d’un outil de communication du type APO qui serait la mise en place d’une structure professionnelle (plus légère qu’un hebdo qui a fait ses preuves comme la Setmana). Une sorte d’AFP occitane ? Beaucoup d’occitanistes font ce travail autour de l’outil numérique qu’ils ont forgé. Comment rassembler sans mettre en question cette diversification autour d’un outil plus léger et interactif au service de nos pratiques ? Comment construire ce projet ?

-Les autres propositions (constitution d’un site et des réseaux sociaux bilingues mutualisant et archivant les ressources bibliographiques, cinématographiques, théâtrales… ; et la réalisation de « petits livrets d’une même collection », sont autant d’initiatives porteuses pour tous qu’il faut mettre en perspective avec le travail réalisé ou en cours par l’IEO, le Cirdoc, PQVNL… Donc rechercher des complémentarités au travail socio-culturel réalisé autour de la langue. C’est toujours un travail très politique.

Peut-être réussirons-nous ce que la Convention occitane, il y a plus de vingt ans, voulait faire : « réaliser un discours sur la société et sur ce que nous faisons collectivement ». Ou peut-être n’arriverons-nous pas à dépasser ce qui est au cœur de l’occitanisme : la recherche d’une société occitane de plus en plus niée par les différentes formes de centralisme et dont la diversité des intervenants et sensibilités est à la fois un atout et un obstacle (6). Mais la dialectique occitaniste (encore elle !) est à ce prix, nous le savons depuis longtemps.

Question subsidiaire :

Peut-être pourrions-nous voir dans cette initiative les conditions d’une nouvelle Convention occitane ? Question inopinée (?) mais toujours réaliste que je me permets de suggérer.

(1) version oc. (IEO) et fr. (Presse fédéraliste).

(2) « Dins l’estat ont es la lenga, es pas un discors de valorizacion de l’occitan qu’avèm besonh, mai d’un discors sus la societat, sus çò que fasèm ensems collectivament, e coma lo fach de parlar occitan participa d’aquela logica. »

(3) Contretemps (version fr.), chapitre 9, Quelles solutions politiques ?

(4) G. Tautil. Le Roman national français au défi de l’extrême droite. L’Harmattan, 2015

(5) Je retiens cette mise en garde de Sylviane Franzetti : créer « un laboratoire d’idées où chacun, du plus érudit au plus novice, puisse s’exprimer sans se faire massacrer par quelques “sachants”. » 

(6) « Pour 3 ou 4 occitanistes réunis, il y a 3 ou 4 points de vue différents » rappelle justement Emmanuel Isopet.

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De : Claude Sicre
 16 févr. 2024

Bonsoir,

Conversation bien partie, un peu dans tous les sens, mais avec des arguments intéressants de part et d’autre : qu’elle se transforme parfois en discussion n’est pas gênant, si ça reste courtois et manifestant un désir de comprendre ce que disent les autres. Pour ma part, j’ai surtout des questions pour chacun: qu’entendent-ils par ceci, cela, telle notion n’implique-t-elle pas telle autre, etc.

Mais je  résiste au plaisir de poser ces questions puis de donner mon avis car j’aimerais vous convaincre que notre intérêt n’est pas de prolonger le débat par mail comme cela se fait sans // ment  tenter de trouver ensemble et le plus rapidement possible un support idoine pour le mener et le bien continuer, c’est de cette question pratique que nous devrions nous entretenir le plus et je suis surpris que les initiateurs du projet se lancent (Gérard Tautil) dans un petit discours au lieu de nous entretenir des possibilités techniques qu’ils cherchent, des contacts qu’ils prennent pour cela, des interrogations qu’ils ont à ce propos, prenant notre avis avec des questions précises, etc.. Si ces échanges, certes intéressants durent là, avant de trouver ce support et de nous mettre d’accord dessus, puis de lancer un appel très général, comment feront les nouvelles personnes qu’on prévient pour retrouver tout le fil des premiers échanges (il y a déjà des mails qui ont disparus), indispensables à une bonne compréhension de la suite, comment feront ceux qui le souhaitent pour répondre précisément à des interventions plus anciennes en le signalant à tous pour que d’un clic tous puissent retrouvent le passage, etc., alors qu’un blog pourrait organiser des archives nommées voire bien classées avec des inter-titres indiquant les grands thèmes abordés, listes des intervenants dans tel ou tel passage, un «répondre» sous chaque intervention, une vision claire de l’ensemble, la possibilité de faire savoir clairement et là où il faut que telle personne a indiqué une bibliographie pour tel passage, ou posé des textes complémentaires, tout ce que nous pourrions imaginer pour rendre tout cela facilement lisible, clair, fonctionnel et agréable. Il faut pour cela des responsables, que l’on les appelle modérateurs ou plutôt adoubaires ou le terme que vous trouverez.

Je suis très étonné : on dirait que ces questions n’intéressent pas les initiateurs du projet ou qu’ils les repoussent aux calandretas…. N’ont-ils pas prévu que leur initiative puisse rencontrer illico des amateurs, intervenants ou juste lecteurs ? Une longue habitude de l’échec de leurs appels et autres les a-t-ils rendus incapables de prévoir un certain succès ? Ne se sentent-ils pas responsables des suites pratiques possibles de leur premier message ?

J’ai parlé du blog de Cavaillé : personne n’a relevé. Étonnant aussi ! Personne ne le connait, n’a un avis dessus, n’est allé le visiter suite à mes posts à ce sujet ? Je signale encore que je n’en fais pas LE patron de toutes les possibilités, mais c’est un modèle important à consulter. Je signale aussi pour les malfaisants que Cavaillé n’est pas un sicrien ou un castanien, mais seulement un chercheur honnête, intelligent et pragmatique qui a créé tout seul un outil utile et l’a tenu pendant vingt ans je crois, et j’ai lu peu d’hommages à son travail ou seulement des renvois à ces archives. Les initiateurs pourraient le joindre ne serait-ce que pour lui poser des questions et monter leur propre blog, non ? Ce ne doit pas être très long. L’évocation du CIRDOC (Tautil) me semble bonne aussi ( j’ai dès le début ajouté Saisset dans la liste des récepteurs). Tautil les a-t-il contacté ?

Que pourrait être un «laboratoire d’idées», selon les initiateurs puis les initiés, ou s’agit-il encore d’une formule incantatoire qui dispense d’une concrète réalisation, fût-elle brouillonne au début ? Comment ça marcherait ? Quelle déontologie et quelle éthique du débat ? C’est ce qui m’importe en premier. En fait ce devrait être la PREMIÉRE idée de ce fameux laboratoire. Conditionnant les autres, en grande partie.

Je conclus en donnant à méditer à qui voudra la géniale sentence de Mac Luhan :  «le message, c’est le médium!».

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Le 16 févr. 2024, René MERLE a écrit :

Il s’agit du blog aujourd’hui arrêté Mescladis e caps de gula

http://taban.canalblog.com

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Gérard Tautil 16 février

Merci à vous pour le site. Vau veire.

Mai, de verai  l’organizacion demanda pron de temps libre e que faudrà, coma es remembrat par Emmanuel Isope e Claudi, metre en plaça una estructura per organizar materiaus e contribucions.

Per ieu es la recèrca  d’aisinas concretas que me semblan prioritària, l’ideologia l’avèm practicada totei, d’annadas adarrè…

Pasmens, siau per la libertat d’expression en fr/oc que l’a mai de monde dins aquela lista que sabon pas l’occitan. Ne’ n conoissi.

Doncas, siguem  pron pragmatics e soples  sus aquela question. A cadun de s’exprimir ambe sa sensibilitat.

A lèu

Gerard

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Emmanuel Isopet 16 février

Adiussiatz,

tòrni tot bèl just de vacanças e ensagi de tornar prendre lo fial dels escambis.
Vau començar per vos fa part de mon estonament. Sèm plan a parlar de l’avenir de l’occitanisme ? Per ieu l’avenir de l’occitanisme es en lenga occitana o m’interèssa pas. Quand disi en lenga occitana, la podètz sonar a vòstre agrat, gascon en Gaconha, marselhés a Marselha, patois a Borniquèl, me sembla plan segondari. Se l’occitanisme se deu pensar e viure en francés, per ieu, es pas d’occitanisme, es al melhor una filosofia umanista estranha, al pièger una secta.
Qualqu’un dins los escambis a escrich que benlèu tot lo monde compreniá pas l’occitan. I cresi pas. Pensi que lo tèxte foguèt mandat a de personas interessadas per l’occitan (conéissi pas tot lo monde). Los que s’interèsson a l’avenir de la lenga nòstra la legisson. An una pichona cultura en lenga romana ! Doncas per aver un pauc d’esper dins l’avenir de l’occitanisme, seriái urós que los que sabon la lenga l’utilisen. Farà progressar lo debat e lo nivèl de compreneson de l’occitan escrich de totes.

Per tornar al tèxte que foguèt prepausat. I aviá d’elements de contèxtes e d’estat dels luòcs. Ai escrich çò que ne pensavi. I a tanben de preconizacions :
– crear un laboratòri d’idèas (me sembla que la discussion es ja partida coma s’èrem sòcis d’aqueste famós laboratòri, mas pas sus de basas de quina mixitat que siá!)
–  bastir una agéncia de premsa
– bastir un site e de malhum « socials »
– publicar
Remarqui que los tres darrièrs punts demandaràn fòrça trabalh (e finançaments) e que n’es gaire question dins los primièrs escambis.

Tot aquò per dire que i a mai besonh d’una còla per bastir tot aquò, que de personas per discutir dels meritis de tala o tala organizacion, de la realitat de la « nacion » occitana o de l’adaptacion del lafontisme o del castanisme a la situacion actuala. Atencion (vos ausissi ja!), disi pas que i a pas besonh de parlar e debatre, disi que me sembla que i aurà pro monde per debatre e pas pro per far.

Bona serada

Emmanuèl Isopet

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