Proposition de manifeste pan-occitaniste

                               Eléments de contexte

                  Le contexte électoral mondial, notamment européen, se traduit par un phénomène inquiétant: résultante de crises à répétition –financière, écologique, sanitaire, socio-économique, intercommunautaire, géopolitique…- de nombreux pays sont désormais gouvernés par des équipes d’extrême droite nationalistes, xénophobes et autoritaires. A en juger les sondages, la France n’est pas épargnée par cette lame de fond. Dans des pays musulmans, un islamisme politique fondamentaliste entrave les processus démocratiques. Résultante de cette involution, la multiplication dangereuse des conflits guerriers aux frontières de l’Europe.

                Institutions éducatives, l’Ecole et l’université subissent de plein fouet cette anti-culture de violence, pendant que les institutions régaliennes –police et armée- sont toujours davantage plébiscitées, au nom d’une idéologie sécuritaire qui prône le repli sur soi.   

                   Les cultures dites régionales, dont l’occitane, sont impactées par ce regain nationaliste, qui renforce toujours davantage le centralisme d’Etat et entrave les processus d’autonomisation. Comme en témoignent la réforme du lycée et du baccalauréat qui met en péril le suivi des études en langues régionales, la raréfaction des recrutements d’enseignant-es, les amendements de la bienvenue loi Molac par le Conseil constitutionnel, l’inauguration de la cité internationale du français « langue unique » à Villers-Cotterêts, en l’absence de référence aux langues régionales…

                           Etat des lieux pan-occitan

                 Des acquis obtenus de haute lutte par les générations antérieures demeurent tel l’IEO, le réseau des écoles primaires associatives dont les Calandretas en Occitanie, Òc-Bi, lo CLO, le CIRDOC à Béziers, l’OPLO (Office public de la langue occitane) à Toulouse, le Conseil de la langue occitane ou CLO et l’Acadèmia Occitana, lo Congrès Permanent de la Lenga Occitana, Le Carrefour culturel Arnaud Bernard et le Forom des langues du monde (Toulouse), l’université d’été de Laguépie, la FELCO membre de la FLAREP (Montpellier)… Dans des métropoles régionales comme Toulouse, le regroupement des associations, telle Convergencia Occitana, permet de plaider plus efficacement notre cause auprès des pouvoirs publics municipaux, départementaux, régionaux. 

                  Cela dit, certaines limites de l’occitanisme sont à identifier pour espérer une marge de progression significative:

-le monde associatif est constitué surtout d’organismes assez isolés et d’associations dont l’objectif est d’abord stratégique et organisationnel. Il manque un laboratoire d’idées qui regroupe intellectuels (experts, débatteurs) et organisateurs (décideurs) et qui permette de prendre du recul face aux contextes géo-historiques, de valider acquis et passifs au compte des différentes générations d’acteurs culturels, de dégager des prospectives viables…Trop souvent, dans ce contexte pragmatique, les intellectuels, des auteurs, écrivains, artistes…sont isolés dans leur exercice.

-le manque de moyens de communication participe aussi de cette marginalisation et de celle du monde occitaniste d’une manière générale. S’il existe des journaux en ligne tels le Jornalet ou des chaînes de télévision et de radio associatives, comme Radio Occitania, l’ensemble est peu médiatisé et reconnu. Sans parler des citoyens non occitanistes, combien d’entre nous connaissent le panel des institutions et organisations, ainsi que des possibilités offertes ?  Un comparatif avec les médias catalanistes serait utile, à cet égard.   

-la limitation ou l’arrêt d’activités, pourtant reconnues et fructueuses: arrêt du festival d’été de Rodez (Estivada), des marches annuelles pour la langue, difficultés de gestion du CAP’ÒC (Centre d’animation pédagogique en langue occitane) à Pau [1] …                                

                         Préconisations

Constituer un laboratoire d’idées, accessible à un plus grand nombre (intellectuel-les, acteurs et actrices culturels, jeunes générations…) sur la base de la mixité et qui comprenne des représentant-es des différentes institutions et organisations occitanistes. Dans l’objectif de contextualiser les enjeux, de prendre attache avec des homologues régionaux pour s’inspirer des exemples de réussite tant idéologiques que stratégiques, de proposer au mouvement associatif des pistes évolutives…

-Créer une APO -Agence de presse Occitane- (brèves, informations, initiatives), dans le but de constituer une structure professionnelle, indépendante des sites actuels sur internet

– Constituer un site et des réseaux sociaux bilingues qui mutualisent
 et archivent les ressources précitées et établissent bibliographie, filmographie…Avec un volet collaboratif et participatif favorisant  une expression spontanée et circonstanciée.

-Publier des petits livrets d’une même collection, à caractère pédagogique, qui permettraient de mieux capitaliser les acquis.